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Clarisse RAT

Le détournement du masque chirurgical en œuvre d'art


Que ce soit dans nos rues, nos forêts et bientôt nos fonds marins, les masques chirurgicaux envahissent les sols. En tant que DASRI - déchets d’activité de soins à risques infectieux - le masque est à usage unique et non recyclable. Sur le long terme, son impact écologique est monstrueux :


Un masque chirurgical met quatre siècles à se désagréger.


Si sa vocation première est de nous protéger, ses conséquences sont fatales pour l’environnement. Malgré son caractère invasif et rebutant, des artistes engagés ont décidé de lui donner une seconde vie, l’élevant ainsi au rang d’œuvre d’art. Une manière différente de recycler mais tout aussi efficace, du moins à petite échelle. Au-delà de trouver une alternative au recyclage industriel, leur objectif est de livrer un message au plus grand nombre. L’occasion de dénoncer l’impact écologique de ce nouveau déchet.




VOICI L’ŒUVRE D’UN CONNARD



C’est le cas du street artiste Toolate avec son exposition VOICI L’ŒUVRE D’UN CONNARD.


Le 10 novembre, il a exposé aux quatre coins de Paris 50 masques récupérés dans les rues. En vous baladant rue du Temple ou Avenue d’Iena, vous les trouverez encadrés aux murs, scellés avec du ciment, accompagnés d’un cartel explicatif. Comme au musée. Et Toolate n’hésite pas, sur sa page Instagram, à remercier ironiquement les “connards” ayant jeté leurs masques sans qui l’exposition n’aurait pu voir le jour.


Engagé dans la protection de l’environnement, Toolate prend la locution latine Homo homini lupus / L’homme est un loup pour l’homme, comme ligne directrice de ses réalisations. Dans la lignée d’Hobbes, il dénonce par son travail cet Homme qui œuvre à sa propre destruction.




MASKBOOK


L’art permet au masque de revêtir bien des formes, plus encore, de devenir un véritable support du militantisme, comme l’illustre le projet Maskbook. Lancé par Alice Audouin, fondatrice de l’association Art of Change 21, le projet incite les citoyens à user de créativité pour métamorphoser leurs masques usagés.



L’occasion de pointer du doigt d’autres problématiques actuelles, comme le réchauffement climatique, la pollution de l’air ou la mauvaise gestion de la pandémie.

Ce projet participatif qui avait été lancé en 2015 a connu un rebond avec la crise sanitaire, devenant ainsi un véritable plaidoyer citoyen avec pas moins de 70 pays et 6500 personnes engagés.

Pour en savoir plus : https://www.maskbook.org/fr




TOCTOC


Ça vous dit quelque chose ? Toctoc, street artiste parisien, recouvre les murs de la capitale depuis 2012 avec ses « Duduss », personnages burlesques reconnaissables par leur énorme mâchoire et leurs membres en bâtons.


Collage réalisé par Toctoc, rue Père Guérin.

Pour en savoir plus : http://bytoctoc.com/



Dans le 13ème, rue Père Guérin, vous croiserez cet Harry Potter-Duduss qui à l’aide de son nimbus 2000 balaie le sol jonché de masques oubliés. Toctoc dénonce ici la négligence de certains badauds. La légende qui accompagne son post Instagram, plus cordiale que celle de Toolate, parle d’elle-même :


NE JETEZ PAS VOS MASQUES DANS LA NATURE 🚯

Il faut entre 400 et 450 ans pour qu’un masque se décompose dans la nature...

Et c’est Harry Potter-Duduss qui se tape le balai en plus, donc soyez sympas !




Vous l’aurez compris, le masque chirurgical a envahi le monde de l’art. Les artistes l’encadrent, le transforment, le subliment pour mieux le dénoncer.

Et vous alors, qu’allez-vous faire de votre prochain masque usagé ?

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